Notre Dame de Paris 2016


En résumé : 
Pays : France
Spectacle de Luc Plamondon et Richard Cocciante
Première française le 16 septembre 1998 au Palais des Congrès à Paris

A l'origine, on y entendait qui ? 
- Esmeralda : Hélène Ségara
- Quasimodo : Garou
- Phoebus : Patrick Fiori
- Frollo : Daniel Lavoie
- Gringoire : Bruno Pelletier
- Fleur De Lys : Julie Zenatti
- Clopin : Luck Mervil

Ca raconte quoi ?
1482 - Paris. Un groupe de bohémiens s'installe dans la capitale. Parmi eux, leur chef Clopin, et surtout, la belle Esméralda, qui fera chavirer les coeurs de 3 hommes : Frollo, archevêque de Notre Dame, qui n'aura de cesse que de s'acharner sur les sans papiers, Quasimodo, sonneur de cloche difforme et Phoebus, capitaine de la sécurité, promis à la jeune Fleur-De-Lys. 

Ce que j'en pense ? 
Notre Dame de Paris ... Mon histoire d'amour avec les comédies musicales et spectacles musicaux a commencé avec ce show. Ca a été le premier que j'ai vu, j'avais 12 ans. Et 17 ans et 98 spectacles plus tard, m'y revoilà, pour ma 99e représentation ... Autant dire que j'attendais énormément de ce retour, à tous les niveaux !! Et franchement ? Absolument pas déçue !!

Je ne saurais presque pas par où commencer ... Notre Dame a connu de nombreuses versions dans le monde, et celle ci, à l'image de la version 2010 de Roméo et Juliette, est la quintessence de tout ce qui a pu être expérimenté dans les différentes adaptations. Il y a certes eu quelques modifications, mais pas tant que ça (peut être pas assez ?). Notre Dame est l'un de ces spectacles, comme R&J ou Wicked, que je connais par coeur de A à Z, où je peux vous chanter le spectacle de bout en bout en incarnant tous les personnages. Alors fatalement, j'ai été un peu désarçonnée par les changements opérés (nouveaux intermèdes, changement de paroles, transformation de solo en duo, inversion dans l'ordre des chansons). Mais finalement, tous les changements effectués sont très intelligents et donnent plus de sens à certains aspects de l'histoire, là où ça pêchait peut être un peu dans la version originale (je pense notamment à "La Monture" et "Je reviens vers toi").

Les décors ne changent pas beaucoup, on reste toujours sur ce mur de fond gris qui sert un peu à tout. Je regrette juste la disparition des escaliers sur "Où est-elle ?", j'aimais bien cette idée. L'esprit des costumes est le même, sans que ceux-ci soient toutefois exactement identiques ... La robe d'Esmeralda est plus fendue, celle de Fleur De Lys est plus travaillée et le manteau noir de Frollo est magnifique et ajoute à cette vision plus mature que Daniel propose. J'avais très peur pour la perruque de Quasimodo, que je trouvais vraiment too much et très cheap sur les photos que j'avais pu voir, ce qui m'avait énormément étonnée quand j'avais constaté que c'était Sébastien Quinet qui gérait les coiffures. Et puis en fait, en vrai, ça ne m'a pas plus perturbée que ça. 

Question chorégraphies, je trouve que la présence d'acrobates et de breakers apporte vraiment une énergie supplémentaire, notamment sur certains tableaux comme "La Fête des Fous" ou "La Cour des Miracles" où ils sont réellement électrisants. Ils sont tous absolument incroyables, même si quelques fois, on en aurait peur pour eux ... Je pense avoir retenu ma respiration tout le temps de la fin du tableau "Les Cloches" quand ils ne sont plus attachés ! 

Vocalement ... Notre Dame fait partie du patrimoine comediemusicalesque français et les voix de Garou, Bruno Pelletier ou Hélène Ségara sont indissociables des chansons. On ne va pas se mentir, les premières secondes de chaque chanson, c'est bizarre, on n'entend pas les voix dont on a l'habitude, c'est déroutant. Et puis finalement, tout ce petit monde nous embarque avec eux et on finit par se dire "hein ? Patrick qui ?"

Dans le rôle de Clopin, Jay, ancien Poetic Lover qui a fait ses armes d'artiste de spectacle musical dans Cindy. Physiquement, il correspond bien au rôle de protecteur d'Esméralda, il a une super énergie et une belle puissance vocale, mais j'ai du mal à pardonner l'absence de la dernière note de "La Cour des Miracles" tout en haut ...
Pour la tournée, c'est Idesse qui reprend le rôle de Fleur de Lys en lieu et place d'Alyzée Lalande, partie sur Grease, prochainement à l'affiche à Mogador. Je trouve que la nouvelle mécanique du spectacle donne une autre version du personnage de Fleur de Lys que j'adore ! J'ai toujours beaucoup aimé "La Monture", mais cette mise en scène rend vraiment le personnage plus intéressant. Récemment, sur un autre spectacle que j'ai vu, l'une des chanteuses principales était incapable de reproduire aussi proprement en live ce qu'on pouvait entendre sur le CD, et ça, pour moi, c'est carton rouge. Pas de ça ici !! Vocalement, Idesse est aussi à l'aise dans les graves que dans les aigus, et théâtralement, on adhère très facilement aux deux facettes de Fleur de Lys qu'elle nous propose.
Gringoire est interprété par Richard Charest. Pour la petite histoire, lorsque j'avais vu le spectacle il y a 17 ans, c'était Richard qui jouait Phoebus. Aussi j'étais très contente de le retrouver, même si j'avais quand même une petite appréhension vu que pour moi, Notre Dame, dans sa version initiale, c'est avant tout Bruno Pelletier, sa puissance phénoménale et sa technique vocale sans faille ... Et même si, comme pour Clopin, il me manque cette petite note tout là haut, sur "Lune", la performance est remarquable. Chapeau bas pour ouvrir le spectacle aussi magistralement ! Je peux me tromper parce que je n'ai pas regardé le DVD de la première version depuis bien longtemps, mais j'ai l'impression que le Gringoire de Richard est plus multifacettes, ce que j'apprécie beaucoup ... Plus drôle, plus humain, plus réel en quelque sorte ... 
Autre artiste déjà sur scène lors de ma première en 2000, Daniel Lavoie. Son interprétation est différente, plus mature, plus nuancée, et il a cette prestance, ce charisme, cette classe qu'il met au service du personnage. Sinon, à part ça, il envoie toujours autant !! Plus en retenue sur le premier acte, il explose tout sur le second et ça décoiffe !!
Dans les bottes de Phoebus, Martin Giroux. Le moi de 12 ans avait un petit faible pour le personnage du capitaine quand le moi de 29 ans a juste envie de lui coller une baffe. Phoebus, archétype du goujat (pour ne pas dire autre chose ...) est un personnage assez détestable. Pourtant, Martin arrive par moments à nous le faire voir comme attachant. Il a une puissance et une intensité dans sa voix qui prennent toute leur ampleur sur "Déchiré". Et sa voix a ce petit quelque chose en plus que j'adore, comme chez Mark Evans ou Jeremy Jordan. 
Et on termine avec mes deux coups de coeur de cette nouvelle production ... Hiba Tawaji est une véritable machine de guerre. Elle gère tout de A à Z et chaque performance est une magnifique leçon de technique vocale. C'est tellement juste et précis que c'en est de la dentelle ! Elle est tout ce que je rêverais d'être musicalement ... Une puissance qui atomise tout sur son passage, et c'est exactement ce que j'attend d'un premier rôle de spectacle musical. A la fin de "Vivre", c'est limite toi qui as envie de te mettre à genoux pour la remercier de ce magnifique moment. 
Pour moi, la prestation d'Angelo Del Vecchio aka Quasimodo s'est vécue par étapes. Etape n°1, "Le Pape des Fous". Petite mise en jambes, juste ce qu'il faut pour oublier la voix de Garou et se familiariser avec la sienne. Etape n°2, "L'Enfant trouvé". On enchaîne sans transition, je me prends un premier uppercut émotionnel en pleine figure. La fin du premier acte et le début du second endorment un peu ma méfiance avant l'étape n°3, "Dieu que le monde est injuste", où mon coeur est arraché de ma poitrine et déchiré en mille morceaux. Et comme si ça ne suffisait pas, étape n°4 "Danse mon Esmeralda", où il piétine allègrement les quelques morceaux encore intacts. Vocalement et émotionnellement, c'est renversant, intense, ça ne peut pas laisser le public indifférent. Dans une vie de tous les jours où tout va vite, si vite qu'on en agit comme un automate, indifférent à ce qui nous entoure, ce que j'aime dans la comédie musicale, c'est que la plupart du temps, elle me transmet des émotions qui me font me sentir vivante. Et la performance d'Angelo Del Vecchio illustre totalement ça. 


Pas une fausse note pour : Hiba Tawaji pour la technique, Angelo Del Vecchio pour l'émotion
Partition à revoir pour : Les pintades qui ont passé l'intégralité d'une des représentations du WE où j'y suis allée à chanter (faux) en même temps que les artistes ...
Le tableau coup de coeur : Faire un choix est bien difficile ... J'hésite entre "Les Cloches" dont j'adore la mise en scène et les lumières et "La Cour des Miracles" dont l'énergie est si communicative ...

Le mot de la fin :
Après 98 représentations, je suis revenue aux sources ... Et je me suis remémoré toutes les raisons pour lesquelles je suis tombée dans cet univers la tête la première pour m'y noyer allègrement. Ces morceaux, tous plus beaux les uns que les autres ... Et puis cette nouvelle troupe, incroyablement talentueuse, qui, sans en avoir trop l'air, a grignoté les souvenirs que je pouvais avoir de la version originale, chanson après chanson, jusqu'à s'imposer complètement. Si bien qu'en rentrant, j'ai eu envie de supprimer de ma playlist Deezer les anciennes versions des morceaux de Notre Dame qui y figuraient, et je les ai remplacées par les leurs ... Je suis plus qu'heureuse d'avoir pu revoir ce spectacle magnifique qui a une signification si particulière pour moi, et encore plus d'avoir pu découvrir ces superbes artistes qui le portent de bout en bout.

Pic by me

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