Ghost, the musical



En résumé :
Pays : Angleterre
Spectacle de Bruce Joel Rubin, Dave Stewart et Glen Ballard
Première le 28 mars 2011 au Manchester Opera House de Manchester

A l'origine, on pouvait y entendre qui ?
- Sam Wheat : Richard Fleeshman
- Molly Jenkins : Caissie Levy
- Oda Mae Brown : Sharon D Clarke
- Carl Bruner : Andrew Langtree
- Willy Lopes : Ivan de Freitas

Ca raconte quoi ?
Molly Jenkins, artiste et Sam Wheat, employé de banque, emménagent ensemble, assistés par leur ami et collègue de Sam, Carl Bruner. Malgré les difficultés de Sam à exprimer ses sentiments, leur bonheur semble sans l'ombre d'un nuage. Jusqu'au jour où celui-ci, lors d'une agression au détour d'une rue, se fait abattre froidement. Resté sur Terre en tant que fantôme, il va, avec l'aide d'une voyante un brin barrée, tout faire pour élucider les circonstances de sa mort et protéger celle qu'il aime.

Ce que j'en pense ?
Je n'ai pas pu résister à coucher mes impressions ici le plus vite possible. J'ai vécu quelque chose de tellement beau que je veux tout mettre par écrit avant que les souvenirs ne s'atténuent.

Pour Ghost, j'ai tout fait à l'envers. Je n'avais jamais vu le film, j'ai à peine écouté l'album car n'accrochant pas à bon nombre de chansons ... Et comble de l'horreur, j'y allais surtout pour une personne et j'aurais été écoeurée de ne pas le voir. Oui, pour moi qui pense qu'un spectacle doit se voir dans son ensemble et pas pour l'un ou l'autre des performers, c'était un peu renier mes principes. A ma décharge, j'avais quand même été attirée par le trailer du show avant même que la personne que je voulais voir ne rejoigne le cast.
Donc voilà, j'ai débarqué au Piccadilly Theater, sans rien connaître à l'histoire, connaissant à peine les chansons et avec le vibrant espoir de voir performer Mark Evans dans le rôle de Sam et non pas sa doublure.

Par où commencer ...
L'album d'abord. J'aimais assez peu de chansons en fait. Quand je mettais le CD dans le lecteur, je m'arrêtais invariablement sur "Here right now", "With you" et "Suspend my disbelief/I had a life", passant les autres sans même les écouter. Et en fait, après avoir vu le spectacle, je comprends mieux certaines chansons, je revois la mise en scène dans ma tête, et finalement, j'ai beaucoup de plaisir à les écouter. Je pense notamment à "More" et "I'm outta here", deux chansons très entraînantes, que j'adore mettre à fond dans ma voiture pour m'époumoner dessus, quitte à ce que les gens me prennent pour une barge. La seule qui fait encore de la résistance, c'est "Focus", dont le rythme haché et saccadé m'insupporte et que je continue à passer systématiquement à l'écoute de l'album. Globalement, il y a plus de ballades qu'autre chose, avec bien sûr l'incontournable "Unchained melody", mais le thème supra-romantique s'y prête bien aussi ...

Le spectacle ensuite. C'est quelque chose d'assez moderne en fait. D'un point de vue décors, on a deux aspects. Un assez classique, avec des panneaux qui descendent du plafond pour situer l'appartement de Willy et un restaurant, des murs en brique pour l'appartement de Sam et Molly, des panneaux pivotants pour le bureau de Carl, et des escaliers de secours new yorkais en hauteur pour planter le décor de la ville. Et puis on a un côté plus technologique, avec de larges murs de LED, qui figurent le reste des décors au fur et à mesure qu'elles s'allument et s'éteignent. Je sais que j'avais râlé avec le trop plein de projections sur écrans sur Dracula, mais là, pour le coup, on a vraiment un équilibre entre les 2 types de décors, et le fait que ce soient des LED et non des panneaux blancs sur lesquels on projette des images rend le tout moins froid et moins vide.
J'ai beaucoup aimé aussi le principe des tapis roulants qui permettent non seulement d'évacuer les décors à toute allure, mais qui donnent aussi une impression de mouvement et de dynamisme à l'histoire.
Je voudrais également saluer le magnifique travail qui est fait sur les lumières sur les spectacles du West End, et Ghost ne déroge pas à la règle. Pour quelqu'un comme moi qui aime bien faire des photos, c'est frustrant de ne pas pouvoir en prendre tellement il y aurait de magnifiques clichés à réaliser mais finalement, c'est pour la bonne cause puisqu'on profite ainsi du show au maximum. Joli travail de projections aussi pour donner l'impression que Sam est un fantôme qui ne peut pas toucher les objets.
D'ailleurs, j'ai toujours pas compris dans la mise en scène comment ils avaient fait pour intercaler un membre de l'ensemble pour jouer le "cadavre" quand un personnage meurt, tandis que le chanteur continue à faire le fantôme ... (euh, je sais pas si je suis bien claire). Pourtant, étant fort sur le côté, je pensais que j'aurais pu voir d'où les "figurants" venaient, et bah non, que dalle, je les voyais jamais arriver !!!!
Bref, une mise en scène très dynamique, faisant usage au mieux des nouvelles technologies qui permettent de servir le spectacle et l'histoire et non de le desservir comme c'était un peu le cas sur Dracula.

Quand aux chanteurs et comédiens ...
Commençons par l'ensemble, absolument exceptionnel et qui recèle des talents de folie. Je pense notamment à Lisa Davina Phillip et Jenny Fitzpatrick qui jouent les "assistantes" d'Oda Mae Brown, ainsi qu'à Sally Whitehead, qui interprète Mrs Santiago, la personne venant consulter sur "Are you a believer", qui m'a cloué sur mon siège par sa puissance vocale et les notes qu'elle parvient à atteindre.

Dans le rôle du meurtrier Willy Lopes, Ivan de Freitas. Qui a réalisé ici un véritable travail de composition à jouer une ordure quand c'est quelqu'un de très gentil et souriant ! Alors sa voix est particulière, on aime ou on n'aime pas, mais j'ai envie de dire que finalement, on la reconnaît bien, elle se distingue bien des autres et colle à la perfection au personnage.

La voyante déjantée, Oda Mae Brown, est interprétée par Sharon D Clarke. De celle qui avait étrenné le rôle de la Killer Queen sur We Will Rock You, je savais déjà qu'elle avait une voix et un palmarès à en faire pâlir d'envie n'importe quel artiste de comédie musicale. J'ai découvert ici ses talents de comédienne, à la hauteur du reste. Absolument hilarante, le tandem avec Mark Evans est bien huilé et c'est une véritable showgirl qu'on voit sur scène sur le tableau "I'm outta here". Une très très grande madame, exceptionnelle de bout en bout et qui fait qu'on ne peut qu'adorer le personnage !

Le traître Carl Bruner est campé par Andrew Langtree. Vocalement, j'ai rien à redire, Andrew est, à l'image de bon nombre de performers du West End, irréprochable. Non, c'est surtout sur ses capacités d'acteur que je voudrais revenir. Il faut absolument saluer sa performance, juste époustouflante. Je spoile, attention, passez au paragraphe suivant si vous ne voulez pas savoir ! Quand le personnage de Carl est hanté par celui de Sam, Andrew doit se débrouiller pour faire croire qu'il est réellement agrippé, poussé par quelqu'un sans qu'il y ait qui que ce soit sur la scène et il y parvient d'une façon absolument bluffante.

Pour reprendre le flambeau après Caissie Levy, c'est Siobhan Dillon qui a été choisie. J'avais quelques doutes quant à ses capacités à assurer vocalement et scéniquement un tel rôle compte tenu de la difficulté des chansons, et du fait qu'elle avait joué précédemment Vivienne dans Legally Blonde, qui n'est pas un rôle très consistant même si pas forcément commode vocalement. Et j'ai été sciée justement, par sa puissance, sa justesse, et son jeu de comédienne. Elle a réellement réussi à m'embarquer avec elle et elle et Mark peuvent se vanter de m'avoir fait pleurer comme un bébé lors de la dernière scène du show (j'avais vaillamant résisté jusque là mais je n'ai plus pu me contenir ...). Tout en nuances et en sensibilité, avec un jeu toujours juste, j'y ai vraiment cru pour le coup.

Et puis on finit avec Mark Evans ... Débordant de sensualité, de talent, d'émotion, de tout ce que vous voulez ... J'adhère à tout ce qu'il fait, à tout ce qu'il est ... Il pourrait me chanter la danse des canards habillé en tutu rose que je trouverais ça absolument fantastique ! Mais même en étant un chouia objective (si tant est que ce fût possible), le rôle de Sam est complexe à interpréter, parce qu'il n'a pas d'interactions avec les autres hormis les autres fantômes. Et pourtant, Mark glisse au dessus de tout ça avec une facilité déconcertante et sa voix a vraiment quelque chose qui prend aux tripes. Autant sur Wicked, je trouvais que son grain ne correspondait pas du tout à Fiyero, autant là, je pense qu'il peut vraiment exprimer toute l'étendue de son talent ... Et l'alchimie du duo qu'il forme avec Siobhan est juste saisissante de réalité.

Pas une fausse note pour : j'ai envie de dire Andrew Langtree, pour la vraie surprise du spectacle, même si mon coeur de midinette fond pour la voix, le sourire et la gentillesse de Mark ...
Partition à revoir pour : Personne !!! Absolument personne !!!
Le tableau coup de coeur : More, dont j'ai adoré la mise en scène et l'énergie

Le mot de la fin :
Contrairement à Legally Blonde, qui remonte le moral à bloc, Ghost a plutôt tendance à vous le miner, tellement c'est triste. Je suis pas une pleurnicheuse d'ordinaire, et même si parfois je suis touchée et que j'ai un peu les larmes aux yeux, jamais je ne joue les fontaines ! Et pourtant, j'étais tellement à fond dans l'histoire du fait du talent immense des artistes, j'ai réussi à dépasser la barrière de la langue sans aucun souci et j'ai rejoué les chutes du Niagara, comme bon nombre d'autres personnes dans le public d'après ce que j'en ai vu ... Bref, comme j'ai pu le dire à Mark à l'issue du spectacle, c'est vraiment une expérience magique à vivre, et même si les puristes des comédies musicales s'offusqueront de la mise en scène et du recours aux nouvelles technologies, ça reste un spectacle grand public, à la portée de tous mais pourtant d'une très très grande qualité.

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