We Will Rock You


En résumé : 
Pays : Royaume Uni
Spectacle de Ben Elton, Brian May et Roger Taylor
Première le 12 mai 2002 au Dominion Theater de Londres

A l'origine, on y entendait qui ?
- Galileo : Tony Vincent
- Scaramouche : Hannah Jane Fox
- The Killer Queen : Sharon D Clarke
- Meat : Kerry Ellis
- Brit : Nigel Clauzel
- Khashoggi : Alexander Hanson
- Pop : Nigel Planer


Ca raconte quoi ?
Dans un futur très lointain, la planète, devenue l'e-planète, est peuplée d'habitants formatés : les Gaga-Kids, habillés de la même façon, écoutant la même musique, bref, façonnés sous les ordres de la diabolique Killer Queen. Cette femme avide de pouvoir, règne sans partage et impose sa volonté, avec l'aide du fidèle général Khashoggi. Quand un jour, un jeune homme, Galileo Figaro, hanté par d'étranges visions et des mélodies inconnues, se rebelle. Aidé de la charmante Scaramouche, et de bohémiens rebelles, il entreprendra de tout faire pour défaire la Killer Queen de son trône et faire renaître le rock n'roll ...

Ce que j'en pense ?
En France, on a eu une comédie musicale sur Claude François; en Angleterre, un spectacle sur Queen. Nous, on s'est cassé la gueule en à peine un an et on est restés confinés à la France; eux se sont exportés un peu partout dans le monde, et cartonnent depuis 10 ans. Alors pourquoi ? Les British nous auraient-il volé le secret de la potion magique ? Peut être ... Mais pas que.

L'univers d'abord. Si celui de Claude François est culte, celui de Queen est carrément mythique. L'implication dans le spectacle de Brian May et Roger Taylor, anciens membres du groupe, apporte une caution à l'ensemble qui assure que l'oeuvre du génie qu'était Freddie Mercury ne sera pas dénaturée. Pour bâtir l'univers du spectacle, ils reprennent des personnages cités dans les chansons du groupe : Scaramouche, Galileo, la Killer Queen, les Gaga-Kids de Radio Gaga. Pour le reste, ils puisent dans la culture pop que tout le monde connaît : Britney Spears, Robbie Williams, etc. La trame de l'histoire est bien trouvée, et est assez intéressante, même si la fin est un peu cucul ... A côté de ça, ce sont les références à la culture pop, perpétuellement remises à jour qui font tout le sel du show ; "No one but you" rend hommage aux légendes disparues. Sur le CD sont cités John Lennon, Janis Joplin, Kurt Cobain; le jour où j'ai été voir le spectacle, deux noms ont été remplacés par ceux de Whitney Houston et Amy Winehouse, attention que j'ai trouvé vraiment super ... Je ne vais pas faire l'affront de donner mon avis sur les chansons. J'ai été élevée à Queen et dans l'idée que Freddie était l'un des plus grands. Le spectacle rassemble tous les tubes du groupe, et on se surprendra plus d'une fois à fredonner en même temps que les artistes.

Pour les décors, je reste un peu sceptique. En fait, c'est à mi-chemin entre Ghost et Dracula. On reste dans l'exploitation des projections, des nouvelles technologies, des jeux de lumière etc. Alors ça ne me déçoit pas comme Dracula mais ça ne m'enthousiaste pas comme pour Ghost. Je salue une fois de plus la conception des lumières, très bien exploitées. Mais les décors ... Ca reste un chouïa vide quand même sur certains tableaux.
J'étais assez étonnée de voir l'orchestre sur les côtés et non en fosse comme habituellement. J'ai rapidement compris pourquoi ! Il doit y avoir une telle machinerie sous la scène qu'il serait impossible d'y caser ne serait-ce qu'une guitare !! Beaucoup d'arrivées et de départs se font par des trappes, mais le plus impressionnant reste la plateforme pivotante de la Killer Queen. C'était bien la première fois que je me retrouvais à écouter une interprète se situant au dessus de ma tête (littéralement ... J'étais au deuxième rang et la plateforme était tellement grande qu'elle survolait la salle ^^) !!!
Question costumes, ceux des Gaga-Kids sont très drôles, dans le style pompom girl et pompom boy caricaturés. Ceux des bohémiens sont vraiment bizarroïdes; il y a du très réussi (j'ai bien aimé le costume de Meat) et du moins bon (celui de Robbie Williams, d'assez mauvais goût), comme partout.

Passons à présent aux interprètes.
Commençons avec Pop, le personnage le moins présent sur scène. Et encore, le peu de temps où on le voit, c'est encore trop ! Je n'ai pas du tout adhéré au personnage, que j'ai trouvé lourdingue dans son attitude, ses dialogues. "These are the days of our lives" est une très jolie chanson, chantée relativement correctement par Kevin Kennedy, mais je déteste tellement le personnage que j'ai du mal à apprécier le tableau.

Pour le duo Brit/Meat, Wayne Robinson et Rachel John. J'adore le personnage de Meat, qui est l'un des rôles que je rêverais de pouvoir interpréter, et je savais que je serais intraitable quant à son interprète. Et au final, pas déçue du tout. J'ai beaucoup aimé la sensibilité de Rachel, et le groove de Wayne. Ils forment un duo solide, en harmonie du début à la fin.

Le rôle de Khashoggi est un peu comme celui de Pop, pas très consistant. Il est plus du ressort de la comédie que du chant. Néanmoins, Alasdair Harvey est LE comédien du spectacle. Incisif, inquiétant, et pourtant légèrement attachant, il est ce genre de méchant un peu à la Spike dans Buffy (et pas que à cause de la couleur des cheveux ^^). Côté chant, même si on ne l'entend pas des masses, il n'est pas en reste ... Je l'attendais au tournant sur la dernière note de "Seven seas of Rhye", qui est passée comme une lettre à la poste !

Je n'ai pas vu Brenda Edwards, absente cet après midi là mais Sarah Covey, la 2e doublure. Et au final, je pense que je ne regrette pas, loin de là ! J'ai eu un léger aperçu de Brenda lors de la cérémonie d'ouverture des Olivier Awards 2012. Assez difficile pour se faire une idée vocalement, c'est pas les 3 pauvres phrases qui ont pu montrer l'étendue de son talent, mais ça m'a suffi pour me faire une idée de la façon dont elle interprète le personnage. Je peux me tromper, mais je pense que Sarah apporte un peu plus de classe à la Killer Queen, un peu moins de vulgaire, ce qui est un tour de force quand on sait à quoi ressemblent les costumes ! Vocalement, c'est un peu comme Carley Stenson dans Legally Blonde, elle fait le job, c'est scolaire, sans riffs, sans fantaisies. Après, le rôle est assez difficile comme ça, et même en fournissant le minimum syndical, ça suffit à rendre la performance époustouflante. Sarah est l'une des rares du spectacle à conjuguer avec brio chant et comédie, elle a tout bon partout !!!

Idem pour le personnage de Scaramouche, c'est Lauren Varnham et non Sarah French qui était sur scène. Sur le moment, je n'ai rien trouvé à redire à la performance, et idem un mois plus tard. C'est quelque chose qui ne m'a pas franchement marquée. Une voix assurée, à laquelle elle fait faire ce qu'elle veut, et ce n'est pas de trop pour pouvoir assurer sur les chansons de Freddie, un côté mutin et impertinent, mais aussi un côté un peu niais qui finit par agacer. Bref, je l'ai vue jouer, sur le moment, elle m'a épatée, mais une fois rentrée, je l'ai oubliée.

Et dans le rôle titre de Galileo Figaro (Magnifico !!), Noel Sullivan. Alors quand je l'ai vu entrer en scène, je me suis dit "bon sang, c'est quoi ce guignol ? Son jeu est étrange, il est super bizarre, je comprends pas tout là ..." Et puis il a ouvert la bouche et a commencé à chanter. Par la suite, j'ai fini par comprendre que le côté bizarroïde était en fait inhérent au personnage mais c'est assez déstabilisant de prime abord. Bref, une performance honnête en comédie, excellente en chant, pas tout à fait digne de Freddie (faut pas pousser non plus !) mais à la hauteur du challenge !

Edit du 02/11/12
Retournée à Londres en début de semaine, je suis également retournée voir le spectacle. Assez peu de choses à rajouter sur le spectacle en lui même, je vais m'attarder donc sur les artistes. Je n'apprécie toujours pas Kevin Kennedy et le rôle de Pop, rien à faire. Scotchée par Rachel et Wayne, complètement déchaînés, et vocalement très en forme, surtout Wayne. Toujours pas de Brenda en KQ, c'était Katie Paine, la première doublure qui performait, et déçue également. Moins frappadingue, moins drôle que Sarah, et très déçue vocalement, puisqu'à aucun moment elle n'est montée dans les aigus, surtout à la fin de Play the game ... 
Un peu de sang neuf dans la troupe dans les 2 rôles principaux. Commençons par Rachael, dont j'ai beaucoup apprécié la voix et le potentiel comique. Difficile de comparer avec la prestation de Lauren, qui ne m'a pas marquée, mais globalement, c'était assez différent vocalement. Lauren avait une voix qui se rapprochait de celle d'Hannah, la Scaramouche originale, tandis que la voix de Rachael est plus chaude, un chouia plus rauque et plus grave, sans pour autant foirer les aigus, bien au contraire. Et puis Oliver Tompsett dans le rôle de Galileo ... Que j'ai juste adoré ! Scéniquement, c'est peut être un peu moins habité que Noel, mais vocalement, il envoie du lourd ! Ce que j'ai aimé, c'est que Oliver est très grand, et il met cet aspect au service du personnage, lui conférant une certaine maladresse accentuant ainsi le côté "paumé" ... Bref, un excellent choix en tant que Galileo !!!

Pas une fausse note pour : Hum ... J'aime assez le tandem Sarah Covey / Alasdair Harvey. Mais si le second ne brille vraiment qu'en comédie, la première cartonne partout, alors je dirais Sarah. Et pour la performance de novembre, Oliver, of course !
Partition à revoir pour : Kevin Kennedy, sans l'ombre d'une hésitation !!
Le tableau coup de coeur : I Want it All, d'une énergie électrisante et d'une force incroyable; une mise en scène et un décor minimaux et pourtant, la chanson vous embarque complètement !

Le mot de la fin :
"We will rock you" est finalement un concentré de chansons rock, et dans le fond, le spectacle se voit comme un concert de rock. L'ambiance est radicalement différente de celle que j'ai connue sur les autres spectacles. Profondément ancré dans la culture musicale mais en renouvellement perpétuel, c'est peut être à la fois sa force et sa faiblesse. Sa force pour les anglais, et sa faiblesse pour les étrangers. En effet, "We will rock you" est le premier spectacle sur lequel j'ai vraiment "souffert" de ne pas être bilingue. Alors que généralement, je comprends 85% des dialogues, sur ce coup, je pense avoir saisi à peine la moitié. Et c'est quelque chose d'assez frustrant que d'entendre tout le monde se marrer autour de toi alors que t'as même pas compris ce qu'ils ont raconté. Donc en résumé, je dirais que WWRY est un spectacle à voir, surtout pour les amateurs de rock et de Queen, qui y trouveront leur compte, mais à éviter si vous ne maîtrisez pas la langue de Shakespeare ...

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