Le Roi Soleil


En résumé :
Pays : France
Spectacle de Dove Attia, Albert Cohen et Kamel Ouali
Première le 22 septembre 2005 au Palais des Sports de Paris

A l'époque, on y entendait qui ?
 - Louis XIV : Emmanuel Moire
 - Marie Mancini : Anne Laure Girbal
 - Madame de Maintenon : Cathialine Andria
 - Madame de Montespan : Lysa Ansaldi
 - Monsieur, le frère du roi : Christophe Maé
 - Le Duc de Beaufort : Merwan Rim
 - La fille du peuple : Victoria Petrosillo
 - Molière : Pierre Forest
 - Anne d'Autriche : Marie Lenoir
 - Le Cardinal Mazarin : Pierre Forest
 - La sorcière LaVoisin : Marie Lenoir

Ca raconte quoi ?
Après un mouvement populaire réprimé par le Cardinal Mazarin et la Reine Anne d'Autriche, Louis XIV est amené à monter sur le trône. Peu enclin aux affaires de l'Etat, le jeune roi apprendra l'amour auprès de Marie Mancini dont il devra se séparer pour épouser l'infante d'Espagne. Au fil du temps, il collectionnera les maîtresses dont la sulfureuse Mme de Montespan qu'il finira par désavouer au profit de celle à qui il a attribué le titre de Mme de Maintenon.


Ce que j'en pense ?
Qui a pu échapper à la déferlante du Roi Soleil ? Il faut dire que ce spectacle bénéficiait d'arguments de taille : entre le duo Cohen/Attia, à l'oreille musicale sûre et la folie de Kamel, le tout associé à un budget conséquent, ce spectacle s'annonçait sous les meilleures auspices.
Question Histoire, c'est pas forcément ça ... La trame historique sert de fond à raconter une (ou plutôt des) histoire(s) d'amour. Bon après, on y va pour la musique et le show, pas forcément pour se cultiver !

Musicalement, on voit que ça a bossé dur. L'ensemble fonctionne bien, même dans ses anachronismes et les chansons plus rythmées succèdent aux ballades sans que ça fasse désordre.
Vocalement, c'est pas si mal. Sans être extraordinaires à une ou deux exceptions près, les voix sont justes et facilement identifiables.

Emmanuel Moire a la lourde tâche de porter sur ses épaules le rôle titre du spectacle. Un fardeau parfois lourd à porter et cela engendre quelques faiblesses sur certaines représentations. Heureusement, il peut se reposer sur une doublure de qualité, Emmanuel Dahl, dont l'interprétation est parfois meilleure que celle du titulaire (sur "Pour arriver à moi" notamment, plus dans sa tessiture).
Anne Laure Girbal incarne la princesse de conte de fées, Marie Mancini. Avec ses longs cheveux tressés et sa belle robe rose, elle enchante puis déchante, mais là aussi, de façon pas toujours très juste. Initiative intéressante néanmoins de faire intervenir le personnage sur le tableau "Encore du temps", le duo avec Victoria Petrosillo fonctionnant à merveille.
Vu sa carrière fulgurante, on en oublierait presque que c'est dans le Roi Soleil qu'a débuté Christophe Maé. Son grain de voix si particulier et l'exentricité de son personnage en font rapidement l'un des favoris du public, au détriment même du rôle titre. Le Zébulon du show court, valse, virevolte, mais pas systématiquement en live. Dommage. Un spectacle digne de ce nom demande une condition physique irréprochable pour arriver à assurer 6 à 8 shows par semaine. C'est peut être là que le bât blesse. Même si je n'ai pas du tout aimé son indélicatesse à faire sa promotion pour son album solo sur scène, Christophe restera l'élément comique indispensable du spectacle.
Le rôle de Lysa Ansaldi est celui de la méchante que tout le monde aime détester. Il est dommage d'avoir caricaturé les personnages de la Montespan et de la Maintenon à ce point et de les avoir réduites à cette vision si manichéenne de la méchante contre la gentille. Après, comme je l'ai dit, on n'est pas là pour prendre un cours d'Histoire ! Clairement, le rôle est plus voué à être un rôle de comédie qu'un rôle chanté. Les deux chansons interprétées ne cassent pas des briques au niveau difficulté et ce ne sont pas les prouesses vocales de Lysa qui imprègnent encore les murs du Palais des Sports. Néanmoins, la demoiselle se révèle dans les scènes de comédies, passant de la femme dure et ambitieuse à la femme amoureuse et désespérée avec brio.
Cathialine Andria, par opposition donc, interprète la gentille. Trop gentille à mon goût, trop mielleuse, trop nian nian ... Une brebis égarée dans le monde impitoyable de la Cour du Roi. C'est beau, c'est plein de bons sentiments, mais pas franchement vraisemblable ... Oui, je sais, on n'est pas là pour prendre un cours d'Histoire !
Terminons avec les deux rebelles du spectacle. Merwan Rim interprète un duc de Beaufort ténébreux, épris de liberté, en association avec la fille du peuple. Deux voix fortes, puissantes, vibrantes, qui fonctionnent très bien ensemble et séparément. Caricatural là aussi. Les opprimés réclamant l'égalité face aux méchants nobles, rien de bien nouveau sous le soleil. Isabelle la fille du peuple s'impose comme l'un des personnages forts du spectacle. A mon sens, au niveau des personnages féminins, elle tire de loin son épingle du jeu.
En bref, chaque personnage est clairement identifiable et il est facile de s'identifier à l'un ou à l'autre. De même pour les rôles masculins, chacun a un style très différent, idéal pour permettre de toucher toutes les adolescentes, principale cible de ce genre de spectacle (on voit mal la mère de famille de 50 ans acheter un T-shirt ou un briquet Roi Soleil pour son usage personnel ! quoique ...).

Ajoutons à cela l'intervention de comédiens, qui donnent du relief à l'histoire, le tout ne souffre d'aucune faiblesse sur le plan dramatique. Tous ont suivi des cours de comédie, qu'ils ont bien assimilé et cela se ressent sur scène où tout coule de source, sans anicroches.

Niveau décors, ça brille de mille feux, tout est étudié, accessoirisé, minutieusement choisi ... C'est à la hauteur du faste de Versailles, de même que les costumes, chacun étant une oeuvre d'art à part entière. Bon, comme dans tout, y'a des fashion faux-pas, notamment l'espèce de chose moutonnante blonde portée par Christophe Maé à la fin du show (il a vraiment pas eu de bol sur ce coup !).

Chorégraphiquement, c'est du Kamel Ouali, avec ses qualités et ses défauts. Les danseurs sont plutôt bien intégrés à l'ensemble du spectacle et le chorégraphe mêle avec une facilité déconcertante les genres. Y'en a pour tous les goûts : les danseuses sur pointes sur Pour Arriver à moi, les breaks de hip hop sur la Lyric Box et même un revival de Michael Jackson en plein milieu d'Un geste de vous. MJ à la cour du Roi, il fallait oser, Kamel l'a fait !

Pas une fausse note pour : Victoria Petrosillo
Partition à revoir pour : Anne Laure Girbal
Le tableau coup de coeur : Contre ceux d'en haut, une ouverture magistrale !

Le mot de la fin :
Une musique bossée, des chorégraphies efficaces, des chanteurs/comédiens qui tiennent plutôt bien la route, des décors et des costumes dignes d'un film, je crois qu'on a là tous les ingrédients réunis pour faire un succès. Je suis critique sur certains points, il n'en reste que je suis allée le voir 9 fois ce spectacle, c'est bien pour une bonne raison ! Et cette raison, c'est que le trio de choc est parvenu à créer une bulle avec ce spectacle, une bulle qui embarque le public avec lui. Alors oui, "tout le monde ne peut pas aller et venir dans une bulle", mais avec ce show, c'est le cas.

Source : http://doveattia.fr/gallery/le-roi-soleil/


Commentaires

  1. Va savoir pourquoi, je suis incapable de critiquer ce spectacle ... :)

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