Cendrillon - Le spectacle musical

En résumé :
Pays : France
Spectacle de Gérald Sybleyras et Étienne de Balasy
Première le 24 octobre 2009 au Théâtre Mogador

A l'origine, on y entendait qui ?
 - Cendrillon : Aurore Delplace
 - Le Prince : Stéphane Neville
 - Tonino : Thomas Maurion
 - La belle mère : Anjaya
 - Suzie : Lola Cès
 - Suzon : Isabel Emilia Cramaro
 - Rachel la gouvernante : Caroline Roëlands
 - La marraine la fée : Caroline Roëlands
 - Le père : Franck Vincent
 - Le chambellan du prince : Franck Vincent

Ca raconte quoi ?
"Le rêve d'une vie, c'est l'amour ..." L'un des plus célèbres contes de Charles Perrault est et restera le conte de Cendrillon. Une jeune fille, orpheline de mère, vit paisiblement aux côtés de son père. Peu après l'arrivée dans la famille de la nouvelle femme de celui-ci et de ses deux filles, le père meurt, laissant sa fille aux mains de ces trois femmes, aussi cruelles qu'envieuses. Qu'est-ce qui pourrait sortir Cendrillon de cet enfer, si ce n'est un prince charmant ?

Ce que j'en pense ?
Cendrillon, pour moi, c'est sacré, c'est mon Disney préféré. Il y a eu des dizaines et des dizaines d'adaptations, musicales ou non, et plus (A tout jamais) ou moins (Cindy) réussies. Alors voir surgir un nouveau spectacle musical, 8 ans après le four de Plamondon, me laissait un peu perplexe.

Le spectacle n'étant pas parti en tournée, j'ai dû me contenter du DVD pour me faire un avis. La première chose qui m'a frappé, c'est la durée du truc. C'est tellement prenant qu'on en oublie que c'est un spectacle pour enfants, et qu'il a la durée qui va avec. La fin est un peu rapide, on garde un arrière goût amer d'inachevé en se demandant "mais c'est déjà fini ?". Entre la fin du bal et la fin du spectacle, on a l'impression qu'il n'y a même pas 5 minutes ! Je pense que cette partie aurait pu être un peu développée.

Au niveau de l'histoire, tout le monde la connaît. On garde le Prince et le château, mais le tout est quand même dans un univers résolument moderne. Et bizarrement, là où Cindy avait pêché, ici, ça fonctionne, car seul le ton est anachronique. Les costumes, les décors, tout le reste évoque l'univers féérique auquel on pense quand on pense à Cendrillon, tout en restant XXe siècle.

Concernant les chansons, rien de bien révolutionnaire dans les paroles, c'est pas du Rimbaud ou du Baudelaire, mais bon, il ne faut pas oublier le public auquel s'adresse le spectacle. Les paroles sont gentillettes et pourtant, pas si mal trouvées que ça, notamment sur le morceau "on aime tous un jour" (oui, je sais, mon côté romantique incurable fleur bleue ressort, pourtant, j'essaie de le museler autant que possible, je vous le jure !).

Du côté des décors et des costumes, comme je l'ai dit, c'est la partie ancrée dans le conte, sans l'être tout à fait. La première tenue de Cendrillon, avec le corsage rouge m'évoque, allez savoir pourquoi, une tenue de "Grease". Le costume de gouverante, de la même façon, n'est pas forcément typique non plus de l'époque à laquelle se déroule le conte. Bizarrement, contrairement aux autres spectacles où j'en déniche toujours un, j'ai un peu de mal à trouver un fashion faux pas. A part peut être la perruque et le maquillage du chambellan, et encore ... Quant aux costumes des "gardes" du prince, ils tiennent plus du look de Karl Lagarfeld que du look Moyen Age !!

Au niveau des interprètes, Caroline Roëlands campe à la fois la gouvernante et la marraine la fée, deux rôles très proches l'un de l'autre. Elle interprète à merveille la figure maternelle manquante dans la vie de Cendrillon, avec une pointe d'humour et de mauvais caractère lorsqu'elle joue le rôle de Rachel.

Franck Vincent quant à lui joue à la fois le père de Cendrillon ainsi que le chambellan du prince. Tour à tour touchant en paternel, puis névrosé avec des TOC en tant que Chambellan, Franck remplit parfaitement ses deux rôles, à chaque fois avec une voix grave chaude et puissante. Quant à sa voix parlée, allez savoir pourquoi, mais elle me fait penser à celle de Jean Pierre Foucault !

Anjaya interprète le rôle de la marâtre. Envoûtante, hautaine et implacable, on est loin du personnage électrique, survolté et insupportable qu'Anjaya jouait dans "Belles Belles Belles". Sa voix grave est en accord complet avec son personnage, tout comme le sont ses costumes qui ajoutent un plus au personnage.

Les deux méchantes soeurs n'ont pas grand chose de méchant. Lola Cès et Isabel Cramaro montrent plutôt deux petites pestes plus idiotes et drôles malgré elles que méchantes (en comparaison avec Marguerite dans "A tout jamais"). On regrette presque qu'elles n'aient pas plus de chansons tellement elles sont drôles quand elles sont sur scène.

Même constat pour Thomas Maurion, l'électron libre du spectacle, qui joue le sale gosse Tonino. Avec ses manières discutables, son impertinence et son goût pour la moquerie, il ravit les enfants, et fait marrer tout autant les grands ! Vocalement, rien de transcendant, mais bon, au moins c'est juste, ce qu'on ne peut pas dire de tous les artistes de spectacle musicaux ... Et puis à mon sens, dans la mesure où il est plus l'atout comique que vocal, il remplit largement sa mission !

Dans le rôle du Prince, on retrouve Stéphane Neville. Si il a exactement le genre de voix qui me fait vibrer et qui me donne des frissons, je trouve le personnage un peu ... Bah, presque inutile en fait ! Et un prince inutile dans Cendrillon, ça fait un peu désordre ! Alors oui, il est pas mal, oui, il chante bien, mais au delà de ça ? J'ai du mal à cerner si c'est la faute de l'interprète ou de la façon dont le rôle a été écrit, mais en tous cas, la finalité est que c'est bien dommage.

Et enfin, terminons avec Aurore Delplace, aka Cendrillon. Une très très belle révélation de ce spectacle, féérique et lumineuse dans sa robe blanche de princesse. Pétillante, amusante, Aurore chante en plus très bien, d'une voix claire et juste, elle a pour moi l'étoffe d'une Lea Salonga. On ne peut pas se vanter en France, d'avoir autant de belles voix dans les musicals (encore que ces derniers temps, cela s'améliore avec des spectacles tels que Grease, L'Eveil du Printemps, Hairspray etc) que chez nos amis britanniques, de ces voix capables d'envoyer aussi bien en puissance qu'en justesse. Pour moi, Aurore fait partie de cette catégorie là. Avec un peu plus d'expérience et encore un poil de travail, je n'aurais aucun mal à l'imaginer sur une scène du West End en Eponine ou en Wendla Bergman (oui, OK, le spectacle n'y est plus joué, mais peu importe).


Edit du 05/02/2012 :
Ayant gagné des places grâce au site Musical Avenue , j'ai pu assister à l'une des représentations du spectacle à l'occasion de la reprise au Théâtre Mogador.
Je ne vais pas revenir plus que ça sur ce que j'ai dit précédemment, mon impression quant au spectacle en lui même n'ayant pas changé après avoir vu le live, ou quasiment pas.

Alors évidemment, force est de constater si c'était nécessaire que voir un show en vrai n'a rien à voir avec visionner un DVD.  Le live donne une autre dimension à l'ensemble, notamment l'orchestre et les voix; mention spéciale d'ailleurs à Franck Vincent et Caroline Roëlands. La magie du live a également tendance à gommer un peu les défauts : le prince paraît moins lisse et certains moments qui m'avaient paru très longs (la scène des animaux de la savane) ou a contrario très courts (le délai entre le bal et la fin) sur le DVD ne l'étaient finalement pas tant que ça une fois dans la salle. Mon seul regret est la pauvreté du programme proposé, qui renforce le côté "Spectacle pour enfants" au détriment du côté "Comédie Musicale", notamment par les coloriages proposés. Moi qui suis collectionneuse de programmes de comédies musicales, j'ai été un peu déçue sur ce coup. Déçue également d'avoir le programme de la saison dernière, avec une simple feuille insérée à la va vite, annonçant le nouveau casting de cette saison.

Bref, ceci étant dit, j'ai beaucoup apprécié le spectacle, ainsi que le cadre dans lequel il est joué (le Théâtre Mogador est vraiment de toute beauté à l'intérieur), et je ne regrette pas d'avoir fait le déplacement jusqu'à Paris pour cela ! Alors une fois encore, merci Musical Avenue ;)

Pas une fausse note pour : Aurore Delplace, sans hésiter
Partition à revoir pour : Stéphane Neville, à regret
Le tableau coup de coeur : On aime tous un jour

Le mot de la fin :
Cendrillon, à la base est un spectacle pour les petits qui finalement remporte tous les suffrages chez les grands. Mais le public cible impose certaines contraintes qui font qu'en l'état, le show ne peut pas être autre chose que ça. Pas assez de chansons, des personnages superficiels, pas assez travaillés, et ce malgré un livret intéressant, une partie comédie sans faussetés et des chanteurs avec énormément de potentiel. A côté de ça, quand on voit que dans les salles de spectacle, les parents emmenaient voir des jeunes enfants voir Mozart ou Cléopâtre et que ceux ci ne bronchaient pas, on peut se dire qu'un schéma plus classique aurait été possible avec Cendrillon ...