Mozart, l'Opéra Rock

En résumé :
Pays : France
Spectacle de Dove Attia et Albert Cohen, chorégraphié par Dan Stewart
Première le 22 septembre 2009 au Palais des Sports de Paris

A l'origine, on y entendait qui ?
 - Wolfgang Amadeus Mozart : Mikelangelo Loconte
 - Antonio Salieri : Florent Mothe
 - Constance Weber : Claire Pérot
 - Aloysia Weber : Mélissa Mars
 - Léopold Mozart : Solal
 - Nannerl Mozart : Maéva Meline
 - L'Aubergiste / Le Clown : Merwan Rim
 - La Cavalieri : Estelle Micheau
 - Anna Maria Mozart : Jocelyne Sand
 - Sophie Weber : Diane Dassigny
 - Josépha Weber : Marjolaine Piémont
 - Cécilia Weber : Delphine Grandsart
 - Le Comte Rosenberg : Yamin Dib
 - Fridolin Weber / L'empereur Joseph II : Jean Michel Meunier
 - Lorenzo Da Ponte : Patrice Maktav
 - L'Archevêque Colloredo : Matthias Jung

Ca raconte quoi ?
1771 - Autriche. Hieronymus von Colloredo est nommé Archevêque de Salzbourg et se heurte à l'enthousiasme et l'impertinence d'un jeune musicien, Wolfgang Mozart. Celui-ci, lassé des brimades, part avec sa mère pour chercher la gloire et la reconnaissance. Sur son chemin, il croisera Aloysia Weber, qui sera son premier amour, avant de déchanter dans la capitale française. A son retour en Autriche, sans sa mère, il gagne la cour du nouvel empereur, où il finira par trouver ce qu'il cherchait : succès, réussite, mais aussi l'amour de Constance Weber.


Ce que j'en pense  ?
Pour moi, Mozart (ou MOR pour les intimes), ça a été un spectacle à retardement. Quand j'y ai assisté pour la première fois, j'en suis ressortie en me disant "Mouais, c'est pas mal" (en même temps, j'y étais allée avec l'idée que je n'allais pas aimer *Bouuuuh, c'est pas bien d'avoir des préjugés !*). Ce n'est que quelques jours après que finalement, je me suis rendue compte que j'avais passé un très bon moment.

Musicalement pour commencer. L'originalité du truc, c'est de nous mettre sur l'album des chansons qui ne sont finalement pas interprétées sur scène. Alorsz quand ça râle, on nous la joue grand prince "oui, on ne voulait pas les garder pour nous, c'est un cadeau pour le public". OK, mais en attendant, pour les personnes qui n'ont que l'album et qui ne consultent pas les différentes plateformes Mozart, c'est plutôt frustrant. Bref, question chansons, on les doit principalement au trio Attia/Guirao/Baguian et chacune est un succès en puissance (il suffit de voir comme les différents singles ont cartonné), mais elles sont faites pour bien passer en radio, on n'est pas du tout dans la tradition du musical de Broadway (comme jamais en France en même temps ...). Avis aux amateurs de Scorpions, AC/DC ou les Stones, ne vous attendez pas à des chansons du même acabit. Certains morceaux ont une consonnance rock, mais ce n'est pas du rock ! Quoiqu'en disent messires Attia, Cohen ou je ne sais qui, Mozart, c'est une comédie musicale, ni plus, ni moins, en tous cas sur le format. Bref, les textes sont ambigus, provocants, irrévérencieux (voir les deux soeurs se traiter de connes sur scène, c'est quand même pas commun !). Quant à la musique, les morceaux originaux de Mozart et les compositions du spectacle s'enchaînent sans que ça choque.

Côté interprètes ...
Pour jouer le compositeur autrichien, ils ont choisi un italien. Mikelangelo Loconte, c'est un peu le Christophe Maé de Mozart : il court, il saute partout, il est monté sur ressorts ... Avec les conséquences de play back que l'on connaît. Pas sur toutes les représentations, certes, mais ça arrive quand même. Dommage, parce que vocalement, c'est pas si mal. Niveau comédie, c'est correct; le seul reproche que je peux lui faire est de faire passer ses émotions avec les yeux et non pas avec la voix. Prenons par exemple la chanson de fin d'acte I, "Je Dors sur des Roses". L'ayant vécue au premier rang, je peux dire qu'on sent toute la portée du morceau et de son interprétation. Alors que passé le 5e rang, pouf, plus rien ... C'est un peu dommage ...On devrait pouvoir percevoir la même chose à n'importe quel endroit de la salle.

Pour jouer son rival, Florent Mothe. S'il faut s'en tenir à cette vision réductrice, alors oui, je suis plus "Team Salieri" que "Team Mozart". Tant au niveau du timbre que de l'interprétation. (et je dispose d'un point de comparaison puisque j'ai pu assister à un show avec Merwan Rim dans le rôle. Interprétation différente, qu'on aime ou pas, c'est une question de goût. Personnellement, je n'ai pas aimé. Et vocalement, les notes hautes passaient une fois sur 3, bref, la cata). Son duo avec Yamin Dib fonctionne très bien et apporte un peu de comédie juste quand il faut.

Dans le rôle de Constance Weber, Claire Pérot, remplacée assez rapidement par Diane Dassigny. Pour des raisons de contrat et de maisons de disques, c'est néanmoins Claire qui figure sur le DVD. Elle a une voix puissante, claire, juste, mais question interprétation, c'est juste à ch*** ! Ses minauderies, sa façon de tout surjouer, d'accentuer certains mots quand ça n'a pas lieu d'être ("Hélas, MAMAN, un faux pas ..."), bref, tout ça la rend juste insupportable. Ca a été un vrai soulagement pour moi de la savoir remplacée définitivement par Diane. Sa voix est tout aussi juste, claire, peut être moins puissante, mais elle apporte un plus de sensibilité, de douceur et de fragilité au personnage de Constance.

Pour jouer sa soeur, le duo a misé sur l'OVNI Mélissa Mars, qui m'a réellement impressionnée sur les morceaux lyriques. Sa petite voix enfantine peut agacer, mais je trouve que ça colle bien au personnage, et j'aime beaucoup la palette d'émotions qu'elle a su exploiter pour son personnage.

Solal, habitué des comédies musicales (Starmania, Tristan et Iseult), interprète le père de Mozart. C'est pour moi l'inconstestable atout rock du show. Une voix rauque et puissante, à en faire vibrer les sièges. Et niveau comédie, rien à redire pour le peu qu'il y a, c'est toujours juste en émotion. Sa doublure en revanche, Jonathan Kerr, n'était pas du tout à la hauteur du rôle.

Maéva Meline joue Nannerl Mozart. Maéva est mignonne, elle chante bien ... Mais franchement, Nannerl, elle sert à quoi ? Attention, je ne dis pas que Maéva ne sert à rien, mais bien le personnage. Je l'aurais vu un peu plus étoffé, avec un peu plus d'interactions avec son frangin, une ou deux chansons en plus ... Même le rôle de Josépha Weber, pourtant secondaire (et encore !), est plus consistant que le sien !! Et puis niveau comédie, Maéva me laisse de marbre. Sur la chanson "Dors mon ange", dont les paroles pourtant me parlent particulièrement, je me suis ennuyée profondément à chaque fois. Même lorsque Marjolaine Piémont, doublure du rôle, avait endossé les robes du personnage. Marjolaine que j'aurais bien aimé découvrir en Aloysia, rôle dans lequel je pense qu'elle pouvait plus s'exprimer à mon avis.

Joli tour de force réalisé par Merwan Rim que d'arriver à se hisser sur le devant de la scène alors que ses personnages sont relativement secondaires. Il a su profiter de l'aubaine du départ de Claire Pérot; sans cela, je doute fort que ça aurait aussi bien tourné pour lui.

Pari original que d'intégrer une chanteuse lyrique en tant que telle. Aussi bien Estelle Micheau que Jocelyne Sand, occasionnellement doublure, apportent un plus à l'histoire, notamment sur le Lacrimosa où elles font naître un surcroît d'émotion.

Le spectacle se repose également sur une solide équipe de comédiens, dont certains marquent plus les esprits que d'autres. Delphine Grandsart et Yamin Dib sont les comiques du spectacle et chacune de leurs apparitions déclenche l'hilarité. L'absence de Delphine est à déplorer sur la seconde saison, et sa remplaçante, Ariane Pirie, tente désespérément de s'approprier le personnage, sans y parvenir réellement.

Parlons des chorégraphies. Les danseurs sont pour une fois très bien intégrés à chaque tableau et participent réellement à l'histoire. Chacun est excellent pris individuellement. Après, je suis peut etre bien malgré moi formatée Kamel Ouali avec ses chorégraphies à l'unisson et réglées au millimètre près, mais les danses de Mozart m'ont laissé une impression de brouillon. Chacun fait son truc dans son coin (et le fait très bien, ça je ne le renie pas), mais du coup, on ne sait pas trop où regarder. Autre chose que j'ai bien apprécié, c'est que le côté classique soit un peu plus mis en valeur, ça change des breaks de hip hop. Pas que j'aie quoi que ce soit contre le hip hop, bien au contraire, je suis toujours fascinée de les regarder faire, mais c'est plaisant de ne pas toujours voir la même chose sur chaque spectacle.

Niveau costumes, c'est coloré et plein de paillettes. Les robes des filles sont très froufroutantes, façon robes de princesses pour faire rêver les petites filles, et les costumes des garçons sont très serrés, histoire de faire rêver les plus grandes ... Evidemment, dans chaque spectacle, il y a un fashion faux pas. Et là, c'est les costumes façon sado maso tout en latex et en cuir du tableau "le bien qui fait mal". OK, c'est l'univers de la chanson, mais je trouve ça too much et franchement vulgaire.
Pour les décors, on est bien loin du minimalisme de Notre Dame. Tout est étudié, pensé afin de recréer l'atmosphère de chaque lieu. Et force est de constater que ça marche plutôt pas mal.
En ce qui concerne les lumières, petit bémol. Selon l'endroit où on est placé dans la salle, il arrive qu'on se prenne à de nombreuses reprises les spots en pleine figure, ce qui est franchement désagréable.

Pas une fausse note pour : Florent Mothe
Partition à revoir pour : Claire Pérot
Le tableau coup de coeur : Vivre à en crever

Le mot de la fin :
Mozart c'est quoi ? C'est plein de couleurs, des interprètes qui, pour une fois, assurent tous très bien vocalement parlant, des comédiens expérimentés qui portent le spectacle et l'élèvent au rang de COMEDIE musicale, où chaque aspect a autant d'importance. Il est envisagé que le spectacle s'exporte, je suis curieuse de voir quel accueil lui sera réservé à l'étranger ...

Source : http://cyberspaceandtime.com/Mozart_l'Op%C3%A9ra_Rock-Final-L'Assasymphonie_acoustique_(live_@_Lille_13_02_2010)_by_Ayauesca/v-5d5p2zwko.video