Roméo & Juliette, les Enfants de Vérone

En résumé : 
Pays : France
Spectacle de Gérard Presgurvic
Première le 2 février 2010 au Palais des Congrès de Paris

A l'origine, on y entendait qui ?
 - Juliette : Joy Esther
 - Roméo : Damien Sargue
 - Benvolio : Cyril Niccolaï
 - Mercutio : John Eyzen
 - La Nourrice : Ida Gordon
 - Tybalt : Tom Ross
 - Lady Capulet : Stéphanie Rodrigue
 - Lady Montaigu : Brigitte Venditti
 - Le Comte Capulet : Ariè Itah
 - Frère Laurent : Frédéric Charter
 - Le Prince : Stéphane Métro
 - Pâris : Alexandre Galopin (danseur)
 - Le Poète : Fabien Déna

Ca raconte quoi ?
Vérone, Italie. L'histoire est mondialement connue. Deux familles se déchirent et s'affrontent dans toute la ville. Les enfants des deux partis sont au coeur de cette bataille qui désole les matriarches de chaque clan. Jusqu'à la rencontre qui n'aurait pas dû avoir lieu. Roméo Montaigu. Juliette Capulet. Ils ne sont pas du même camp, ils ne peuvent pas s'aimer. Et c'est pourtant ce qu'ils feront, jusqu'à y laisser leur vie.



Ce que j'en pense ? 
Chaque adaptation (hongroise, anglaise, etc etc) a apporté un plus au spectacle. L'idée de garder le meilleur afin d'en faire une version plus aboutie du spectacle était excellente.
Ce qui a été gardé :
 - Le Roméo : Damien Sargue, le seul, et l'unique ... Qui a bien essayé de percer depuis, avec un peu de mal, mais qu'on a grand plaisir à retrouver dans une version plus adulte de son personnage. La voix est toujours là et le charme aussi.
 - Le Tybalt : Tom Ross réendosse également le costume de Tybalt. Le constat est le même que pour Damien.
 - Les chansons : c'est dans les vieilles marmites qu'on fait la meilleure soupe. Les chansons restent les mêmes, le public les connaît et les reprend en choeur avec les artistes.

Ce qui a été changé :
 - A peu près tout le reste !
 - Les autres chanteurs :

Dans le rôle de Juliette, on retrouve (à l'époque) Mme Damien Sargue, aka Joy Esther. Déjà vue dans Belles Belles Belles, elle a de nombreux points communs avec Cécilia : même blondeur, même cheveux longs, même voix pure et cristalline. Mais là où le côté angélique de Cécilia rendait le personnage de Juliette touchante, la façon que Joy a de faire ressortir l'aspect "enfant exigeante" rend le personnage un peu agaçant. Néanmoins, elle campe une très jolie Juliette, avec peut être un poil plus de caractère que la Juliette de 2001.

Dans le rôle de Benvolio, Cyril Niccolaï, rescapé d'Autant en Emporte le Vent. Vocalement, c'est un artiste que j'aime énormément. Ce qui m'embête, c'est ce qu'ils ont fait au personnage. Autant dans la V2001, Benvolio et Mercutio avaient des présences plus ou moins équivalentes, autant là, Benvolio fait figure de fantôme. Cyril parvient toutefois à prendre la relève de Grégori avec brio, proposant un Benvolio dépassé et perdu au milieu de son monde qui s'écroule. Il parvient à faire passer une foule d'émotions à travers le regard, bien loin du personnage lisse et transparent d'Ashley Wilkes.

Dans les baskets de Mercutio, on découvre John Eyzen, ancien de la Star Ac 4. Franchement, un ancien de la Star Ac, j'aurais pas parié un kopeck sur lui ! Et pourtant, il offre un Mercutio complètement déjanté et surjoué à souhait, bien plus proche de celui de Baz Luhrman que de celui de Philippe. Son rôle prend un peu plus d'ampleur et John révèle un vrai talent dramatique, en plus d'une voix puissante et assurée. Alors oui, sa façon de tout jouer à l'extrême peut ne pas plaire mais pour moi, c'est une vraie belle révélation.

En papa Capulet, on retrouve Ariè Itah, doublure de Frère Laurent sur la V2001, et rescapé d'Autant en Emporte le Vent. Il chante bien. Il joue relativement bien. Mais voilà, j'ai pas grand chose à dire de plus. Il ne transcende pas le rôle, quoique le rôle d'origine ne soit pas réellement transcendant.

Avec la lourde tâche de succéder à feue Réjane Perry, Ida Gordon, Mme Ariè Itah à la ville. Le duo avec Joy fonctionne bien, sans pour autant retrouver ce côté maternel propre à Réjane et Ida fait des merveilles sur "Et voilà qu'elle aime". Y'a juste la coiffure à laquelle je ne me fais pas, mais bon ...

Fred Charter passe de Prince à Prêtre, le rôle pour lequel il avait auditionné à l'origine. Toujours cette voix grave et chaude, envoûtante au possible, mais pour moi, ça le fait pas. Scéniquement parlant j'entends, parce que musicalement, moi qui zappait toujours le tableau "Jsais plus", j'ai beaucoup de plaisir à écouter sa version. Vu que j'avais déjà du mal avec Jean Claude sur la V2001, c'est peut être moi qui ai juste un problème avec le personnage ...

Stéphane Métro campe un Prince un peu flippant, il faut le reconnaître. Mais c'est un artiste complet et solide, aussi bien au niveau de la technique vocale que du jeu d'acteur. Il livre une version un peu différente du Prince, accentuant le côté humain et réduisant quand il le faut le côté Homme de pouvoir.

Quant aux deux mamans, si Stéphanie Rodrigue campe une maman Capulet moins intransigeante et plus humaine, le rôle de Brigitte Venditti est réduit à quasi rien, et elle n'a pas cette prestance et ce charisme que possédait Eléonore.

- Les chansons : on garde les mêmes, mais on change quand même ! Pour l'occasion, 7 nouvelles chansons ont été rajoutées, toutes dans la même veine que les originales. Modifications aussi dans l'ordre des chansons, réorchestrations (Tu dois te marier prend un sens complètement différent), ajout de voix (celle de la Nourrice sur Jsais plus, une vraie réussite). Bref, c'est la même chose, sans être la même chose.

 - Les décors : Exit les deux passerelles et le décor à deux niveaux. Le décor a été complètement repensé, et évoque vraiment la ville de Vérone. La reproduction des Arènes est majestueuse et met immédiatement dans l'ambiance. Gros point fort de cette nouvelle version

 - Les costumes : On garde le principe du rouge et du bleu, mais on modernise tout ça. Bye bye les combinaisons en cuir de Greg et Damien, hello les longs manteaux plus actuels. Certains se sont insurgés que les costumes de Juliette étaient trop provocants, et faisaient perdre au personnage son innocence ... On est en 2011, plus au Moyen Age ! Dix ans se sont écoulés, il aurait été juste risible de reprendre les mêmes costumes (sauf la belle robe rouge ... oui, je sais, je fais une vraie fixette sur cette robe !) surtout celui du bal (oui, je fais aussi une fixette sur celui là !). Personnellement, je ne vois pas ce qu'ils ont de choquants, les épaules sont légèrement dénudées, pas de quoi crier à l'indécence !! Mention spéciale aux costumes du bal, qui zappent le côté fête des fous de 2001 pour un univers égypto-gréco-romain auquel j'adhère particulièrement. A souligner également le travail d'Audrey Bodilis qui signe les maquillages de cette version, et qui a fait des merveilles avec le make up de Joy et surtout, surtout, celui de la Mort.

 - Et je termine par THE gros point fort de cette version : les chorégraphies et la troupe de danseurs. Carl Portal est un génie qui a fait des merveilles avec les chorégraphies et qui a su constituer une troupe de danseurs solides, au talent énorme, aussi bien individuellement que collectivement. Je pense notamment à N'Dedi Ma'Sallu, ainsi qu'au noyau russe (Svetlana Isaeva, Aleksandr Malafeev, Ksenia Dykina, Zalina Dsutseva) qui prouve une fois encore s'il en était besoin que les danseurs russes ont vraiment un truc en plus. Un immense bravo également à Aurélie Badol, qui danse le rôle de la Mort, inquiétante et angoissante à souhait !
 - Et puis accessoirement, dans les changements, il y a également les coupes de cheveux de Damien (une réussite) et de Tom (un fiasco avec l'espèce de mèche blanche à la Sweeney Todd).

Pas une fausse note pour : John Eyzen, juste bluffant !!
Partition à revoir pour : Brigitte Venditti, par défaut ...
Le tableau coup de coeur : Jsais plus

Le mot de la fin :
Revenir 10 ans après, il fallait oser. Roméo et Juliette V2001 a marqué les esprits d'une génération entière. Revisiter le spectacle était un pari osé, surtout en gardant Damien comme tête d'affiche. C'était quitte ou double. On offre au public un point d'ancrage avec l'ancienne version, mais du coup, on donne le bâton pour se faire battre et on incite à la comparaison. La version finale présentée au public est effectivement plus aboutie que la précédente, notamment au niveau des décors et des chorégraphies. Il est dommage que le show ait bénéficié d'une promotion aussi lamentable. Sans cela, je pense que le retour aurait pu être vraiment réussi. Espérons que Gérard prendra au pied de la lettre l'adage "Jamais deux sans trois" et qu'on assistera au come back, cette fois réussi du spectacle.

Source : http://www.paperblog.fr/2959520/galerie-photo-romeo-et-juliette-au-palais-des-congres-de-paris-de-400-photos/